Voyager, s’adapter, réussir : récit d’un étudiant autiste et TDAH à Montréal

Dans mon précédent article, je racontais la préparation d’un voyage qui représentait à la fois un défi et une étape importante de mon parcours : voyager seul en tant qu’autiste et TDAH. Cet article en est la suite logique. Car une fois l’avion pris, les valises posées et la première nuit passée, le vrai travail commence : celui de l’adaptation.

Aujourd’hui, cela fait déjà quinze jours que je suis installé à Montréal. Deux semaines qui m’ont paru à la fois très longues et incroyablement rapides (la perception du temps étant, comme souvent, assez particulière lorsque l’on est autiste). Entre découvertes, imprévus, ajustements nécessaires et premières rencontres, ce début de séjour a déjà été riche en apprentissages. J’ai pu constater à quel point la préparation faite en amont était utile, mais aussi combien il était nécessaire de garder en tête que certains imprévus peuvent survenir et de rester à l’écoute de mes propres limites.

Dans cet article, je souhaite partager cette expérience d’adaptation, sans filtre et sans dramatisation. Le but est de montrer ce que signifie réellement vivre un tel changement quand on est AuTDAH.

1. L’arrivée : de l’aéroport à l’installation

Mon voyage a débuté à l'aéroport de Paris Orly. Comme souvent avant un grand départ, le stress était bien présent, mais cette fois, il n’avait rien de paralysant. J’étais préparé, informé, et tout avait été anticipé dans les moindres détails. Cette préparation a joué un rôle essentiel : quand on est autiste et TDAH, limiter l’incertitude est une façon de réduire la charge mentale et de prévenir les débordements sensoriels ou émotionnels.

À l’aéroport, une première surprise m’a grandement soulagé : la compagnie aérienne m’a remis un billet prioritaire. Concrètement, cela signifiait que je pouvais passer en priorité à tous les portiques de sécurité, sans avoir à attendre dans les files interminables. Pour beaucoup, ce détail pourrait sembler anodin. Pour moi, c’était un facteur clé. L’attente est l’un de mes grands points de vulnérabilité : le bruit, les lumières, la foule, et l’incertitude du « combien de temps encore ? » transforment vite la situation en sursimulation sensorielle. Le billet prioritaire a donc agi comme un bouclier : moins de temps à patienter, moins d’occasions de puiser dans mes réserves de compensation.

Une fois installé dans l’avion, je me suis senti apaisé. J’avais mon hublot, mes films, de quoi jouer, et l’espace pour m’occuper. Le vol s’est déroulé de manière assez fluide, même si un détail a bouleversé mon équilibre : un couple assis devant moi a volontairement cherché à me gêner, sous prétexte que « nous avons payé nos billets nous sommes libres de faire ce que l'on veut ». L’affront aurait pu dégénérer. C’est à ce moment-là que ma carte avec cordon tournesol – celle où il est écrit que je suis autiste et TDAH – prend tout son sens. Montrer cette carte m’a permis de court-circuiter la discussion, de me passer de mots au moment où j’étais au bord de l’explosion, et de rappeler au personnel navigant que non, tout n’est pas une « simple querelle entre passagers ». Bien que l’équipage ait reconnu en privé que j’avais raison, c’est à moi qu'on a demandé de « reprendre mon calme ». Voilà encore un exemple banal de ce que beaucoup d’autistes connaissent trop bien : devoir porter seul la responsabilité d’une situation injuste.

L’atterrissage s’est bien passé, mais une nouvelle étape m’attendait : le passage à l’immigration. Pas de billet prioritaire cette fois. Il a fallu attendre. Bruit, néons, chaleur, fatigue… après plus de 18 heures de transit, les capacités de compensation s’épuisent. Quand on « prend sur soi » trop longtemps, le corps finit par protester : les contractures apparaissent dans les cervicales, le dos, les trapèzes. C’est un signal clair : la compensation a un coût physique. Enfin, mon tour est arrivé, et le passage s’est bien déroulé. J’avais en main mon permis d’études, fruit de longs mois de démarches, et j’ai pu rejoindre la sortie où l’on devait me récupérer.

La minute pédagogique : perception du temps, surcharge sensorielle et compensation

Pour de nombreuses personnes autistes et/ou TDAH, la perception du temps est différente de celle de la majorité. Elle n’est pas linéaire, mais fluctuante : certains moments paraissent interminables, d’autres s’effacent en un éclair. L’attente en file d’aéroport devient ainsi beaucoup plus lourde à supporter. À cela s’ajoute la surcharge sensorielle : accumulation de bruits, de lumières, de mouvements, qui saturent rapidement le système nerveux. La stratégie adoptée est souvent la « compensation » : contenir ses réactions, masquer son inconfort, tenter de fonctionner malgré tout. Mais cette compensation a un prix. Elle puise dans les ressources physiques et psychologiques et conduit fréquemment à des douleurs musculaires, de l’épuisement, voire des effondrements après coup. Reconnaître ce mécanisme est essentiel pour comprendre pourquoi des situations anodines pour certains deviennent de véritables épreuves pour d’autres.

2. La découverte du nouveau logement

Après l’épuisement dû au voyage et le soulagement d’avoir franchi les étapes de l’aéroport, une nouvelle réalité m’attendait : le logement. J’étais le premier à arriver dans la colocation, et la découverte a été une vraie désillusion. L’appartement était sale, très sale, et il fallait composer avec cet état de fait alors même que la fatigue du voyage pesait déjà lourd. Dans ces moments-là, il n’est pas question de s’effondrer : il faut encore trouver l’énergie de faire son lit avec ce qu’on a sous la main, supporter les odeurs, fermer les yeux sur tout ce qui dérange et se préparer mentalement à l’inévitable étape suivante : nettoyer.

Les premiers jours ont donc été consacrés à cela. Nettoyage en profondeur, évacuation des déchets, lessives en série. La laveuse a tourné sans répit, transformant ce qui aurait dû être une installation progressive en un marathon domestique. En parallèle, il fallait se lancer dans les courses : aller dans des magasins inconnus, avec des produits (très) différents de ceux auxquels je suis habitué. Acheter le nécessaire pour rendre la chambre confortable, trouver de quoi mieux dormir, et apprivoiser peu à peu ce nouvel espace de vie.

Cette solitude des premiers jours n’était pas simple à vivre. Loin de mon entourage habituel, sans la présence immédiate de colocataires, j’ai ressenti une frustration forte : celle de ne pas pouvoir encore explorer la ville et me projeter dans le positif. Mais en même temps, je savais qu’il était nécessaire de poser ces bases avant tout. Pour être autonome et responsable, il fallait mettre de l’ordre dans cet appartement et dans les impératifs administratifs. Et ce processus, bien qu’éprouvant, m’a permis de reprendre du contrôle sur une situation qui, à l’arrivée, avait tout d’un chaos.

La minute pédagogique : besoin d’anticipation et importance de l’environnement

Chez les personnes autistes et/ou TDAH, l’environnement joue un rôle déterminant. Le désordre, la saleté, l’imprévu ne sont pas de simples désagréments : ce sont des facteurs de surcharge qui mobilisent énormément d’énergie. Anticiper son environnement, savoir à quoi s’attendre, pouvoir se projeter dans un espace propre et fonctionnel, ce sont des conditions qui favorisent l’équilibre et la régulation. Lorsque ces conditions ne sont pas réunies, il faut alors engager un effort considérable pour recréer un cadre sécurisant. C’est ce qui explique que, dès les premiers jours, le ménage et l’organisation aient pris le dessus sur tout le reste. Pour certains, c’est une contrainte accessoire ; pour un cerveau neurodivergent, c’est un prérequis indispensable.

3. Premiers jours à Montréal

Une fois le logement remis dans un état vivable, une autre étape a commencé : celle de mes premiers jours dans la ville. Ce fut une phase étrange, entre l’envie d’explorer et la nécessité de continuer à gérer les obligations. J’avais très envie de partir découvrir Montréal, mais mon cerveau me rappelait sans cesse à l’ordre : d’abord les tâches pratiques, ensuite seulement le reste. Pour être le plus adulte possible, il fallait régler le nécessaire avant de céder à l’envie de découverte.

Cela passait par des courses dans des magasins encore inconnus. Les petites différences, que d’autres trouvent anecdotiques, peuvent demander une énergie considérable. Chaque décision est une micro adaptation qui, additionnée aux autres, pèse lourdement. Mais ces courses ont aussi été l’occasion de prendre mes repères, de me familiariser avec un nouveau rythme de vie.

En parallèle, j’ai exploré l’appartement pièce par pièce, puis les rues autour. C’est une méthode qui peut paraître lente, mais qui correspond à mon fonctionnement : je m’approprie l’espace progressivement, en élargissant peu à peu mon cercle de familiarité. L’idée n’est pas de tout voir d’un coup, mais de construire une base stable sur laquelle je peux m’appuyer (et un lieu où je peux m'isoler et me sentir chez moi). La frustration, pourtant, était bien présente. J’avais envie de foncer, de visiter, de profiter, mais la priorité restait de stabiliser mon quotidien. Ce tiraillement entre désir et devoir est fréquent lorsque l’on est TDAH : l’envie d’aller vers la nouveauté est forte, mais le besoin d’organisation impose un cadre parfois contraignant.

Ce début d’exploration s’est donc fait pas à pas, en acceptant de ralentir et de respecter mes limites. Et c’est ainsi que j’ai pu transformer une frustration initiale en une progression plus solide. Une fois fait ? On part à la découverte de la ville, on le transforme progressivement en son chez soi, puisque c'est bien là que je vais vivre durant cette année.

La minute pédagogique : ""rigidité"" cognitive, sécurité et hiérarchisation des tâches

Chez les personnes autistes, la rigidité cognitive est souvent perçue de l’extérieur comme un blocage ou une résistance au changement. En réalité, il s’agit d’une stratégie de sécurité : face à un environnement nouveau, avancer par étapes permet de limiter l’imprévu et de rester dans une zone de contrôle. Le TDAH, de son côté, amène une difficulté à hiérarchiser les tâches. Le cerveau a tendance à traiter toutes les informations au même niveau, ce qui complique la priorisation. Résultat : un conflit permanent entre l’envie de nouveauté et le rappel constant des obligations. Ce mélange autisme/TDAH peut sembler contradictoire, mais il explique bien ce que j’ai vécu : avancer lentement, par sécurité, tout en ressentant une grande frustration de ne pas pouvoir explorer librement. Reconnaître ces mécanismes permet de les apprivoiser et de trouver un équilibre plus serein.

4. La socialisation et l’intégration

Peu à peu, la colocation a pris vie. Les autres colocataires sont arrivés progressivement et ce rythme des arrivées à été une très bonne chose pour moi, un colocataire à la fois vaut mieux que trois d'un seul coup! A ma grande surprise, je me suis senti assez naturel dans cette nouvelle configuration. Ce n’est pas le fruit du hasard : mon cerveau avait anticipé cette situation depuis des mois, et l’idée de partager un logement faisait déjà partie de mon cadre mental. L’adaptation n’a donc pas été brutale, mais plutôt un prolongement de ce que j’avais préparé en amont.

Cette dynamique s’est prolongée avec le week-end d’intégration organisé par l’association de Biologie de l'Université. Je savais avant d’y aller que les conditions ne seraient pas idéales, notamment pour le sommeil. Les dortoirs, le bruit, les horaires décalés : tout cela avait été anticipé. En y participant, je savais que je ne dormirai presque pas ( on y va pas pour dormir ! ). J’avais choisi d’y aller en toute conscience, pour profiter de ce que ces moments pouvaient m’apporter sur le plan social et de baignade dans le lac. Le bilan a été très positif. J’ai rencontré de nouvelles personnes, et commencé à construire un cercle de contacts. Bien sûr, la fatigue était au rendez-vous, mais cette fatigue avait été prévue, acceptée et intégrée dans ma gestion de l’énergie. En résumé, il s'agissait d'une fatigue cohérente et positive.

Contrairement à certaines idées reçues, ce n’est pas parce qu’on est autiste que l’on rejette les interactions sociales. La différence réside dans la manière dont ces interactions sont abordées. J’ai besoin d’anticiper, de savoir dans quel cadre elles se déroulent, et de choisir quand je m’y engage. Dans ces conditions, les rencontres ne sont pas une source de souffrance, mais une occasion de partage sincère.

La minute pédagogique : mythes autour de la socialisation

Un cliché persistant veut que les personnes autistes « n’aiment pas les autres » ou « préfèrent rester seules ». Ce stéréotype est réducteur et souvent faux. En réalité, beaucoup de personnes autistes apprécient les interactions sociales, mais à leur manière. Ce qui pose problème, ce n’est pas la rencontre en elle-même, mais l’imprévisibilité, le bruit, les codes sociaux implicites difficiles à décoder, ou encore la surcharge sensorielle qui peut accompagner les moments en groupe. Quand ces obstacles sont atténués par l’anticipation et un cadre clair, la socialisation devient non seulement possible, mais agréable. Dans le cas du TDAH, la spontanéité peut même favoriser les échanges, à condition d’avoir un environnement qui ne soit pas saturant. Comprendre cela permet de dépasser les mythes et d’envisager la socialisation autiste non pas comme un manque, mais comme une forme différente de relation aux autres dans laquelle la communication a une très grande importance.

5. La rentrée universitaire

Au bout de deux semaines, la rentrée universitaire est enfin arrivée. L’Université de Montréal m’a tout de suite impressionné par la taille du campus, la diversité des étudiants et le dynamisme des cours. Ce fut un moment à la fois excitant et exigeant : après des mois de préparation, je me retrouvais dans les amphithéâtres d’une université québécoise, prêt à entamer cette nouvelle année universitaire.

Mes premiers cours se sont bien déroulés. J’ai rapidement apprécié l’approche pédagogique, parfois différente de celle que je connaissais à Strasbourg. Les professeurs sont accessibles, les supports de cours clairs, et la place accordée aux échanges m’a permis de me sentir intégré dès le début. Bien sûr, tout n’est pas simple : nouveaux bâtiments, nouveaux trajets, nouveaux visages… Chacun de ces éléments représente une source de charge cognitive. Mais le plaisir d’apprendre et la motivation à avancer contrebalance ces difficultés.

La comparaison implicite avec Strasbourg est inévitable : là-bas, le cadre m’était familier. Ici, la nouveauté me stimule et je suis étonné de constater que cela ne me demande que très peu d'énergie, d'autant plus que dans mes cours nous sommes généralement une vingtaine d'étudiant.e.s.

La minute pédagogique : nouvelles routines et gestion de l’énergie cognitive

La rentrée universitaire est toujours une période exigeante, et elle l’est encore davantage pour les personnes autistes et/ou TDAH. Chaque nouveauté – emploi du temps, bâtiments, enseignants, camarades – représente une charge supplémentaire. L’énergie cognitive, c’est-à-dire la quantité d’efforts nécessaires pour s’adapter, est donc particulièrement sollicitée. Créer de nouvelles routines est une manière d’alléger cette charge : établir un trajet habituel, organiser ses notes, définir des plages horaires pour les repas et le sommeil. Ces routines ne sont pas une rigidité inutile, mais un outil d’économie d’énergie. Pour les cerveaux neurodivergents, elles sont essentielles pour tenir dans la durée, éviter l’épuisement et profiter pleinement des apprentissages.

6. L’équilibre entre volonté et capacités

Après l’installation et la rentrée, une question essentielle s’est posée : comment trouver l’équilibre entre ce que je veux faire et ce que je peux réellement assumer ? La tentation est grande de vouloir tout explorer, tout vivre, tout réussir d’un coup. Mais ce serait une erreur. Car la clé de l’adaptation, ce n’est pas de foncer tête baissée, c’est de progresser par étapes.

Peu à peu, j’ai rendu ma chambre plus confortable. Acheter quelques éléments pratiques, organiser l’espace, ranger de manière à ce que tout soit à portée de main : ce sont des détails qui font une énorme différence dans le quotidien. Un environnement confortable et fonctionnel diminue la charge cognitive et permet de libérer de l’énergie pour autre chose que la simple gestion du quotidien.

J’ai aussi appris à respecter mes limites. Il y a des jours où l’envie d’explorer est forte, mais où la fatigue est déjà présente. Dans ces moments-là, il est important d’accepter de reporter, de prendre du repos, plutôt que de s’imposer une sortie qui ne ferait qu’épuiser davantage. Vouloir avancer à tout prix conduit souvent à l’effet inverse : on finit par s’écrouler et perdre plus de temps qu’on n’en gagne.

C'est également depuis mon arrivée que je me suis rendu compte d'un aspect essentiel : je ne peux pas me passer de volonté, en encadrant bien évidemment cette volonté avec mes capacités. Rien ne sert de se torturer, cela sera toujours contre productif.

La minute pédagogique : l’autonomie graduelle

Pour beaucoup de personnes autistes et/ou TDAH, l’autonomie n’est pas un état figé mais un processus progressif. On avance par paliers, en consolidant chaque étape avant de passer à la suivante. Cette autonomie graduelle permet de bâtir des bases solides et d’éviter l’épuisement. Vouloir aller trop vite conduit souvent à l’échec, car les fondations ne sont pas suffisamment ancrées. Il est aussi indispensable d’avoir le contrôle sur ce que l’on fait : l’autonomie ne peut pas s’acquérir si quelqu’un fait les choses à notre place, surveillé ou juge constamment. Cette approche demande de la patience, mais elle est mieux adaptée aux fonctionnements neurodivergents : elle respecte le rythme individuel et favorise une autonomie durable.

7. Découverte de la ville de Montréal

Après les débuts un peu chaotique de mon installation et la rentrée universitaire, j’ai enfin commencé à découvrir Montréal. Mes premières sorties ont été modestes : marcher dans les rues avoisinantes, repérer les commerces, me familiariser avec les stations de métro.

A ma grande surprise, un décor étrangement familier, les rues, les voitures, la structure de la ville. LA raison en est simple, en Europe, nous baignons dans la culture Nord-Américaine.

Au fil des jours, j’ai visité certains quartiers, observé la diversité architecturale, exploré les centres commerciaux. Cette découverte progressive me permet de me sentir de plus en plus à ma place.

J’ai aussi commencé à envisager des perspectives plus larges : découvrir d’autres villes du Québec, et pourquoi pas, si l’occasion se présente, voyager dans d’autres provinces canadiennes. L’idée d’explorer un territoire aussi vaste est enthousiasmante, mais je sais que je devrai faire des choix (manque de temps, maîtrise du budget). Je serai ici durant une année universitaire, et je profiterai de chaque instant, et bien évidemment, je vais réussir cette année!

La minute pédagogique : exploration, nouveauté et régulation émotionnelle

L’envie d’explorer et de découvrir prend une dimension particulière chez les personnes autistes et/ou TDAH. La nouveauté peut être à la fois une source de stimulation positive et une cause de surcharge. Pour certaines personnes concernées, l’exploration est un moyen de réguler les émotions : découvrir un nouvel environnement nourrit la curiosité, apporte de la motivation et crée un sentiment d’accomplissement. Mais si cette exploration est trop rapide ou trop intense, elle peut mener à l’épuisement. La difficulté est donc de trouver un équilibre entre l'envie de nouveauté et le besoin de stabilité. Respecter ce rythme permet non seulement d’éviter la surcharge, mais aussi de profiter pleinement des découvertes.

Conclusion

Ces quinze premiers jours à Montréal ont été intenses, parfois éprouvants, mais surtout pleins d’apprentissages. Du départ à Orly jusqu’aux premiers pas sur le campus, chaque étape a été à la fois un défi à relever et un petit succès qui sont fêtés. Il y a eu des imprévus – un logement sale, des moments de fatigue extrême, des tensions avec des passagers d’avion – mais je me crée un cocon ici, de nouvelles habitudes, de nouveaux rituels et c'est satisfaisant.

Ce que cette expérience m’a rappelé, c’est l’importance de bien se connaître. Connaître ses points forts, ses limites, ses besoins, et respecter ce fonctionnement. Vouloir tout affronter d’un bloc n’a aucun sens : l’adaptation est un processus graduel, et c’est ce rythme respectueux de soi-même qui permet de trouver une certaine stabilité au quotidien. Pour les personnes autistes et/ou TDAH, cette conscience de ses capacités n’est pas une contrainte : c’est un outil de réussite. Avancer étape par étape, ajuster, réévaluer, recommencer si nécessaire… c’est ainsi que l’on transforme ce qui apparaît comme un défi énergivore en progression durable.

Je retiens aussi que la préparation est indispensable et qu’elle n’exclut pas l’idée que des imprévus peuvent survenir. Anticiper permet de réduire l’incertitude, de se sentir prêt, mais le voyage comporte toujours une part d’inattendu. Dans ces moments-là, ce n’est pas une question de rigidité, mais plutôt de pouvoir garder un minimum de contrôle en ajustant ses plans autour d’un socle de sécurité intérieure. Cette combinaison entre anticipation et ajustements réalistes est sans doute ce qui m’a permis de traverser ces changements. Il y a également un aspect essentiel à prendre en compte: Ce changement non seulement je l'ai souhaité, mais j'ai travaillé pour, il y a donc une part de volonté qui m'accompagne dans cette expérience.

Aujourd’hui, je peux dire que je me sens bien. Mon logement est devenu plutôt confortable, mes colocataires sont présents et les débuts sont positifs, mes cours à l’université me stimulent et les premiers repères dans la ville sont posés. Je n’ai pas encore tout découvert, loin de là, mais je compte bien continuer à explorer, à apprendre et à m’intégrer.

Ce n’est qu’un début. Dans les prochains mois, je partagerai d’autres aspects de cette expérience : mes découvertes du Québec, mes réflexions sur la vie universitaire ici, et les nouveaux ajustements que chaque étape exigera. Car si ce séjour est une aventure, il est aussi un apprentissage constant de ce que signifie vivre pleinement en respectant son propre rythme.

Tout simplement.

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