"Moi je suis autiste, et alors ?" – L’autisme vu par une enfant

Avril est le mois de sensibilisation à l’autisme. Chaque année, les réseaux, les médias et les institutions s'emparent de ce moment pour parler d'autisme, parfois avec maladresse, parfois avec beaucoup de bienveillance.

Au fait, je suis Julie, je travaille avec Adrien et aujourd’hui, c’est moi qui prend la plume.

Tout au long de ce mois, nous avons partagé des réflexions, des ressources, des expériences, dans l'espoir de contribuer à une meilleure compréhension de l'autisme, tel qu'il est vécu réellement. Et pour clôturer ce mois si important, j’ai eu envie de faire une place différente : celle d’une enfant autiste, celle de ma fille, Elena.

Car qui mieux qu'une enfant concernée pour parler de ce qu'elle vit, de ce qu'elle ressent, et de ce qu'elle voudrait que le monde comprenne ? Notre lien mère-fille est fait de beaucoup de complicité, d'écoute et de partages. J'apprends chaque jour à ses côtés, et elle me rappelle combien l'autisme n'est pas un "problème à résoudre", mais une façon belle, riche et singulière d'être au monde.

Aujourd'hui, c’est sa voix que je veux mettre en avant. Voici l’autisme, vu par une enfant.

C’est quoi, être autiste ? (selon elle)

Quand je demande à ma fille ce que c’est, être autiste, elle me répond tout naturellement :

« C’est quand notre cerveau fonctionne différemment, qu’on a des sensibilités, et qu’on est parfois très premier degré, comme moi  ! »

Elle ajoute :

« J’ai l’impression d’être juste une enfant, c’est normal pour moi d’être comme ça. C’est vrai que c’est un peu dur au niveau des sensibilités. Mais moi j’aime bien être autiste, je le vis pas mal ! »

Quand elle parle de son identité, il y a beaucoup de sérénité dans ses mots :

« J’ai l’impression que je suis fidèle à moi-même, que je dis ce que je suis, et j’en suis fière ! »

Ce que j’aime dans mon autisme

Je lui demande si elle pense faire certaines choses différemment des autres enfants. Elle réfléchit, puis dit :

« J’ai pas l’impression, parce que j’aime jouer, j’aime aller au cinéma, je suis juste moi-même, et j’ai pas l’impression d’être en décalage. Je m’entends bien avec tout le monde ! »

Quand je lui parle de ses qualités, elle sourit :

« Oui, je me sens forte, créative, drôle... comme tous les enfants lorsqu’ils sont aimés et respectés comme ils sont ! »

Et si elle devait choisir ce qu’elle préfère dans sa façon d’être ?

« J’ai une super mémoire ! Je peux retenir plein de choses quand les sujets m’intéressent beaucoup, comme les Pokémons, les informations sur les animaux, les podcasts que j’écoute, etc.

Par contre, un truc que je retiens pas du tout, c’est les prénoms et les noms de famille… sauf le mien ! »

Ce que je veux que les autres comprennent

Quand je lui demande ce qu’elle aimerait que les gens sachent sur les enfants autistes, elle répond sans hésiter :

« Ce n’est pas parce qu’on est autistes qu’on est des aliens ! Il suffit de nous écouter pour nous comprendre. »

Elle remarque aussi :

« Oui, parfois il y a des personnes qui ne trouvent pas ça normal. Ils pensent qu’on fait des caprices. »

À destination des autres enfants autistes, elle voudrait transmettre ce message :

« C’est pas grave d’être autiste, au contraire ! Oscar Wilde disait : “Sois toi-même, les autres sont déjà pris.”

Alors n’ayez pas honte d’être ce que vous êtes, c’est-à-dire uniques ! »

Quand elle porte son sweat “Simplement Autiste”, elle n’en a pas honte, bien au contraire :

« Je suis fière de le montrer et de le dire, même aux inconnu·es que je croise dans la rue ! On ne devrait pas se cacher ou faire semblant d’être quelqu’un d’autre ! »

Ce que je retiens de tout cela

Écouter mon enfant parler de son autisme avec autant de clarté, de confiance et de douceur est un soulagement. Je mesure la force qu'il y a dans ses mots : la force d’être soi-même, sans se laisser enfermer dans des cases ou des jugements.

Enfant, je n'avais pas ces mots, ni ce regard sur qui j’étais. La voir grandir ainsi, aimée et respectée pour ce qu’elle est, me remplit d’une immense fierté.

Oui, la génération qui vient sera fière, libre et entendue.

Et tant que je pourrai amplifier leur voix, je le ferai. Parce que nos enfants méritent de se reconnaître dans des récits qui leur ressemblent et d’être célébré·es pour ce qu’iels sont.

Tout simplement !

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