Festival Transe Atlantique : un pas de plus vers l’accessibilité et l’inclusion

Le festival Transe Atlantique n’en est pas à sa première danse

Autrice : Emmanuelle CELA

Présent dans le paysage de Charente-Maritime maritime depuis 4 ans, le festival a mis l’accent cette année sur l’accessibilité.

Le festival a lancé ses premières notes il y a 4 ans. Pour Raphaëlle Chovin, qui venait de faire un clip pour la chanteuse canadienne Beyries , “ c’est une succession de synchronicités: mon travail avec le Québec, la ville de Saintes qui cherchait un festival, l’essor du tourisme de racine”. En effet, près de 300 000 passagers ont transité par Bordeaux, du Canada, pour retrouver la terre de leurs ancêtres du XVIIeme siècle.

Safia Nolin, Diane Tell, Cœur de Pirate ou encore Elisapie sont venues chanter devant les saintais. Et cette année, Raphaëlle voulait particulièrement travailler sur l’accessibilité de son festival transgénérationnel “Et encore plus pour l’an prochain. Cette année, en nouveauté, à Transe Atlantique, nous avons installé une plateforme PMR. Comme c'était la première fois, les bénévoles ne savaient pas trop comment la gérer et qui y laisser y accéder. Difficile de faire la différence entre une personne fatigable, au handicap invisible, une personne qui a besoin de s’isoler de la foule et un valide qui exagère.” 

Mais ces détails n'entament pas sa volonté et elle a tout de suite été enthousiaste pour le projet de la tente de répit, proposé par un collectif devenu depuis l’association CELA ( voir encadré). Et les idées pour les prochaines éditions ne manquent pas: “ Sur la signalétique, j'aimerais bien qu’on travaille sur davantage de signalétique simple à comprendre, avec des pictogrammes, des visuels. Et puis proposer une communication plus explicite en amont, pour rassurer les personnes qui ont besoin de visualiser le site.” 

Certains projets dorment dans des cartons depuis plusieurs éditions, faute de financement. “Travailler avec 10 doigts en cavale était aussi dans mes projets. C’est un collectif qui chansigne. Nous l’avions envisagé  pour Cœur de Pirate l’an dernier, mais il y a des contraintes techniques. Il fallait laisser la place au piano, aux autres instruments, au matériel des autres artistes de la soirée et au collectif. Il faut pouvoir assurer la reprise vidéo, proposer des ears monitors pour les chansigneurs. C'était trop pour notre petite scène.”

Des contraintes techniques, mais aussi financières : “ J'étais assez inquiète cette année car tous les coûts ont explosé, les baisses de subvention ont été importantes. Heureusement que la mairie et l'agglomération nous ont maintenu leur confiance et soutenu financièrement”. Rassurée grâce au bon déroulement de cette édition, Raphaëlle est déjà en attente des dates pour 2026: “L'an prochain, ce sera les 5 ans du festival. Nous souhaitons faire une édition avec davantage de Québécois et d'Acadiens, grâce à une coopération entre le département et le Nouveau-Brunswick”. Une raison de plus de traverser l’Atlantique pour les touristes québécois dont certains n'hésitent pas à venir passer leurs vacances en Charente-Maritime au moment du festival: le tourisme de racine a trouvé sa musique.

Propos recueillis par Emmanuelle de l’association CELA

Coeur De Pirate au festival en 2024 ©Melvin Delantes

 

Accessibiliser les événements 

J’avais suivi le festival depuis sa première édition, pour un journal local et je voulais m’impliquer davantage. Étant personne autiste, membre du collectif des Dévalideuses, un collectif handi-feministe, j’ai participé à la réécriture du guide d’accessibilité pour les festivals. J'ai donc tout naturellement contacté Raphaëlle pour lui proposer de sensibiliser les bénévoles au handicap invisible. La priorité a finalement été mise cette année de proposer aux festivaliers une zone de répit. 

Cette tente, installée à l’entrée du festival, un peu à l'écart, était prévue pour les personnes en surcharge sensorielle ayant besoin d’un moment de pause. L’idée était vraiment de proposer un lieu de repos et d'information. Pour des motifs variés (maladie invalidante, handicap, temporaire ou durable, troubles du neuro-developpement), la perspective d'une soirée complète de festival peut en effet paraître irréalisable. On trouvait donc, dans cet espace de répit, des fidgets ( petits objets pour proposer un exutoire moteur aux tensions et procurer un bien-être tactile), des coussins lestés pour agir sur la sensorialité, des ressources sur l’autisme, le TDAH et la neuroatypie en général. C'était aussi un lieu pour échanger avec les membres de l'équipe, retrouver sa bulle ou réaliser une activité avec l’art-thérapeute présente sur place.

Il faut garder en tête que pour 40 % de personnes en situation de handicap, le manque d'accessibilité est la principale difficulté rencontrée à une soirée sereine. Certes, tout n’est pas possible: la configuration du site impose déjà certaines contraintes. Mais l’essentiel est de ne pas fournir un service dégradé à la personne handicapée et ses accompagnant.es. Iels doivent pouvoir savoir avant de venir ce qui sera possible: “est-ce que je pourrai vivre une expérience autonome du festival?” est une question qui ne doit plus se poser. 

Nous voulons proposer davantage l’an prochain: une communication visuelle, avec photos pour pouvoir anticiper et réduire le stress; en plus de l’accueil du soir, une cabane ouverte la journée pour sensibiliser le public qui vient au village du festival. Nous avons créé l’association CELA ( Culture Et Loisirs Accessibles) pour proposer aux autres acteurs locaux de les aider à accessibiliser leurs événements et permettre aux personnes à besoins d’accessibilité spécifiques de faire entendre collectivement leur voix.

Emmanuelle CELA 

C’est dans l’atelier de l’association Dia log, avec la art-thérapeute et couturière Myriam Drosne, qu’ont été cousus les coussins lestés. ©ER


 

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